les pieds creux : Le pied creux est communément caractérisé par l’accentuation de la voûte plantaire, correspondant à l’augmentation de hauteur des arches longitudinales du pied.
Il s’y ajoute fréquemment d’autres anomalies morphostatiques telles que des griffes des orteils, une désaxation de l’arrière-pied et une torsion hélicoïdale du pied qui s’intègre dans un trouble de torsion du membre inférieur. L’ensemble de ces troubles plus ou moins associés détermine de nombreux tableaux cliniques, évoluant avec l’âge, et s’exprimant par des modifications induites sur les diverses fonctions du pied.
La répartition des appuis au sol est perturbée par le rapprochement des appuis plantaires antérieurs et postérieurs, ainsi que par la diminution des surfaces d’appui, principalement aux dépens du bord latéral du pied, qui sert de base à la classification podoscopique des pieds creux.
Les conflits apparaissent avec le chaussage, l’instabilité est plutôt la conséquence des déformations frontales.
Bien que les pieds creux modérés, relativement bien tolérés, soient relativement communs, la fréquence et la sévérité des étiologies neurologiques nécessitent de considérer que tout pied creux est a priori d’origine neurologique, jusqu’à la preuve du contraire, laquelle doit être apportée par un examen neurologique approfondi.
La progression du pied creux au cours de la croissance a été parfaitement explicitée par Schnepp « tout se passe comme si, de l’enfance à l’adolescence, les parties molles plantaires agissaient comme la corde trop courte d’un arc osseux ».
La croissance osseuse est plus rapide que celle de la corde plantaire.
La voûte osseuse ainsi bridée augmente de courbure vers le haut. Initialement, la déformation est réductible et la croissance s’accompagne d’une cunéiformation des os de la voûte (principalement du scaphoïde) qui, conjointement à la rétraction des parties molles plantaires, aboutit à l’irréductibilité du cavus.
Celle-ci est progressive de 5 à 11 ans, plus rapide de 12 à 16 ans et se stabilise et se fixe entre 16 et 18 ans.
Différents types de pied creux :
A - PIED CREUX DIRECT :Le pied creux direct correspond à une déformation exclusivement longitudinale de la voûte plantaire.
La verticalisation de l’avantpied intéresse de façon égale les deux arches interne et externe, il n’y a donc ni pronation, ni supination de l’avant-pied.
L’arrièrepied reste axé de façon physiologique, en léger valgus.
On distingue trois formes de pieds creux directs :
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le pied creux antérieur comporte une verticalisation de l’avantpied et une cassure dans le médiopied.
En décharge, il existe une dénivellation vers le bas de l’avant-pied par rapport à l’arrière-pied.
En charge, la correction de cette dénivellation aboutit à une horizontalisation du talus par flexion dorsale relative de la cheville ;
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le pied creux postérieur comporte une verticalisation du calcanéus (par insuffisance ou pour paralysie du triceps). Il n’y a pas de cassure du médiopied.
En décharge, il existe une dénivellation vers le bas du calcanéus par rapport à l’avant-pied.
En charge, il n’y a pas d’horizontalisation du talus, la cheville se portant en flexion plantaire relative ;
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le pied creux direct mixte comporte à la fois une flexion plantaire de l’avant-pied sur l’arrière-pied et une verticalisation du calcanéus.
B - PIED CREUX ANTÉRO-INTERNE :C’est une exagération de la forme hélicoïdale du pied qui comporte une pronation excessive de l’avant-pied sur le médiopied, la verticalisation des métatarsiens prédominant sur les rayons internes du pied, décroissante de dedans en dehors.
L’appui transversal horizontal de l’avant-pied nécessite une compensation en supination de l’arrière-pied, portant le calcanéus en varus.
Il s’ensuit un creusement de l’arche interne du pied alors que la surélévation de l’arche externe est modérée, voire absente.
La supination de l’arrière-pied, autour de l’axe de la sous-talienne, induit selon le schéma d’Inman une rotation automatique en dehors du segment jambier par rapport au pied.
À l’inverse, l’avant-pied se place en adduction dans un plan horizontal par rapport à l’arrière-pied fixé par la pince bimalléolaire.
Le varus de l’arrière-pied est initialement réductible, dévoilant la pronation fixée de l’avant-pied.
Il s’enraidit habituellement progressivement au cours de l’évolution pour devenir irréductible.
Il s’y associe fréquemment une griffe des orteils avec flexion des articulations interphalangiennes et verticalisation des premières phalanges, pouvant aboutir à une perte de l’appui pulpaire des orteils.
Cette flexion dorsale métatarsophalangienne prédomine habituellement sur les rayons internes, augmentant ainsi la verticalisation des métatarsiens correspondants, ce qui majore la pronation de l’avant-pied.
Cette verticalisation des rayons internes du pied, secondaire à la rétraction des métatarsophalangiennes en flexion dorsale entraînant une mise en tension de l’aponévrose plantaire selon les travaux de Hicks, est actuellement considérée comme le mécanisme principal de l’apparition du pied creux.
La cause première en serait la faiblesse relative des muscles interosseux par rapport aux muscles fléchisseurs et extenseurs des orteils, le varus compensateur de l’arrière-pied et la rotation externe du segment jambier n’en seraient que la conséquence.
La verticalisation progressive de l’avant-pied détermine en charge une horizontalisation du talus correspondant à une flexion dorsale compensatrice de la cheville.
Un excès de chute de l’avant-pied par rapport aux possibilités de flexion dorsale compensatrice de la cheville détermine un aspect d’équin du pied par rapport à la jambe, mais qui se consomme uniquement dans l’avant-pied alors que l’arrière-pied est en flexion dorsale par rapport à la jambe.
Une rétraction relative du triceps peut participer à la fixation du varus calcanéen.
Cependant, la verticalisation habituelle du calcanéus traduit habituellement l’absence de rétraction réelle du triceps.
C - PIED CREUX VALGUS :Il comporte une pronation de l’arrière-pied (calcanéus en valgus), soulevant l’arche externe qui peut être aussi concave que l’arche interne.
L’avant-pied est en supination compensatrice de la pronation de l’arrière-pied.
Selon un schéma inverse par rapport à ce qui se passe dans le pied creux varus, la rotation externe du segment jambier par rapport au pied est ici diminuée : l’avant-pied apparaît en abduction dans le plan horizontal par rapport à l’arrièrepied fixé dans la pince bimalléolaire.
En décharge, ce pied peut passer pour un pied plat, mais l’examen podoscopique confirme qu’il s’agit bien d’un pied creux.
Traitement du pied creux :BUTS :Que le traitement soit médical (orthétique ou rééducatif) ou chirurgical, son but est avant tout de répondre aux doléances fonctionnelles du patient, essentiellement liées aux douleurs plantaires par défaut de répartition d’appui, aux douleurs dorsales liées aux conflits des orteils et du dos du pied avec le chaussage, et à l’instabilité responsable de chutes et d’entorses à répétition.
Les moyens mis en oeuvre visent à prévenir la progression des déformations dans les stades précoces, à corriger les déformations osseuses des pieds creux plus évolués dont les lésions sont fixées, et à diminuer les déséquilibres musculaires du pied et de la cheville.
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Orthèses plantaires :Elles ont pour but de corriger pour partie les déformations réductibles, de soulager les hyperappuis plantaires par répartition d’appui sur les pieds fixés et, d’une manière générale, de stabiliser la colonne d’appui et de freiner l’évolutivité des déformations.
Le talon de la semelle peut comporter un coin pronateur postérieur pour réduire un varus réductible (coin pronateur ou souscalcanéen externe) ; il est mal supporté si le varus est fixé.
Dans ce cas, une simple cuvette peut participer à la stabilisation transversale de l’arrière-pied.
Une surélévation modérée peut participer à la compensation d’un équin.
Elle ne doit pas être trop importante (8 à 10 mm) afin de ne pas favoriser le déchaussage du talon dans le pas postérieur.
Au-delà, il est préférable que la surélévation soit réalisée sous la chaussure ou dans une chaussure à tige montante.
L’appui rétrocapital soulage les hyperappuis des têtes métatarsiennes ; il s’agit le plus souvent d’une barre rétrocapitale transversale, principalement adaptée en arrière des callosités.
Les matériaux doivent être aussi confortables et amortissants que possible afin de compenser le défaut d’amortissement du pied, lié pour une bonne part à la verticalisation des appuis.